Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt la « proposition de nationalisation des langues/cultures de France » qui nous a été adressée.
– Nous sommes d’accord avec un certain nombre des choses qui sont dites dans le texte, notamment sur le nécessaire découplage entre la question des langues et cultures, et la question institutionnelle – régions, Europe, fédéralisme, etc. qui relève d’un autre débat dans lequel une association professionnelle comme la nôtre n’a pas vocation à intervenir.
– Nous sommes d’accord avec la nécessité de diffuser sur l’ensemble français via l’école un savoir minimal sur la diversité française, et nous l’avons d’ailleurs proposé à maintes reprises à nos interlocuteurs ministériels, sans résultats appréciables d’ailleurs, soit dit en passant.
Cela étant, cela n’implique pas nécessairement l’enseignement de toutes les langues (comme une lecture superficielle de la « proposition » pourrait le laisser croire), mais au moins la présence d’informations fiables et bien mises en relief sur l’existence de langues et cultures diverses, et la présence de textes, en traduction, faisant circuler partout en France le meilleur des productions littéraires des diverses cultures.
D’accord enfin sur le fait que pour défendre le français sur la scène internationale, il vaut mieux ne pas se mettre dans la situation de se voir opposer la façon dont on a refusé d’appliquer le mot d’ordre de la diversité à l’intérieur de l’hexagone. On n’insistera jamais assez sur le fait que langue « nationale » et langues « régionales » ne sont pas opposées mais complémentaires.
Cela étant, quelques nuances :
- Mettre en avant les « cultures » ne doit pas signifier faire passer les langues au second plan. C’est là depuis la loi Deixonne une des ruses favorites des adversaires des langues régionales pour limiter leur place au profit d’un « patrimoine » aux contours vagues facilement réduit au folklore dans le mauvais sens du mot ou au culte des vieilles pierres, des vieux costumes et des vieux meubles, voire des vieilles recettes de cuisine. Que Godolin soit le compatriote du cassoulet ne doit pas amener à faire passer le second avant le premier.
- Il est juste de mettre l’accent sur la dialectique nécessaire entre cultures régionales et culture nationale; mais on n’oublie pas que ce que la culture nationale a emprunté, d’ailleurs sans le reconnaître, aux cultures régionales est somme toute réduit; Que l’occitan ait donné au français « aiguière » ou « jaloux » (pour « amour », contrairement à un mythe largement et complaisamment répandu, ce n’est pas sûr), et qu’il ait aussi beaucoup donné à l’argot ne constitue pas la preuve d’une quelconque symbiose entre les deux principales langues romanes de France. Pour ce qui est de l’apport des troubadours, il est minimisé en France depuis si longtemps que personne ne nous croit quand on en parle.
- Quant à l’influence indéniable de la culture nationale, elle ne repose pas sur un échange réel, et un dialogue, mais sur l’adoption docile par bien des créateurs en langue régionale des modèles de la culture dominante, sans que les représentants de celle-ci le sachent, et sans d’ailleurs qu’ils s’en soucient. On reste donc prudent quand il s’agit de tirer argument d’un échange fondamentalement inégalitaire.
- Et du coup, on ne se contente pas d’incriminer le « centralisme », l’« unitarisme » et autres grands concepts, mais on rappelle que le clivage entre culture nationale et cultures régionales est d’abord de nature sociale (culture des élites versus culture des gens de peu, des provinciaux, des « ploucs » repliés sur eux-mêmes dénoncés tout récemment encore dans les débats autour de l’actuelle réforme constitutionnelle. Faute de quoi on se condamne à demeurer dans le domaine des beaux sentiments et de la morale.
- Enfin, quoique l’on pense de l’idée d’« Europe des régions » (et, une fois de plus, notre association, en tant que telle, n’a pas vocation à en penser quoi que ce soit), il faut quand même tenir compte du fait que l’univers connu ne se limite pas au territoire hexagonal, et que la culture occitane, comme les autres cultures « régionales » a aussi sa place dans un cadre plus large. Si circulation il doit y avoir, elle ne saurait s’arrêter aux frontières de la France. S’il est indispensable de répudier tout « petit nationalisme » local, ce n’est pas pour autant que l’on doit se couler dans le moule d’un « grand nationalisme » national. Il conviendrait donc que les rédacteurs de la « proposition » ne donnent pas l’impression de s’enfermer dans un cadre franco-français exclusif. Il nous paraît important d’avoir un débat entre nous sur ces questions.
Felip Martel, President de la FELCO – 15 de junh de 2008
Merci de vouloir un débat et de l’entamer par un texte, c’est pas si fréquent.
Content que vous ayez vu un intérêt à cette proposition, que vous connaissez depuis plusieurs années (au moins 2001), et que vous manifestiez cet intérêt. Après :
1. Je ne comprends pas sur quelles « choses » vous êtes « d’accord » sur ce que vous appelez « le nécessaire découplage », ça serait à préciser.
2. Très bien que vous soyez d’accord de diffuser « un savoir minimal sur la diversité française » cependant :
a) Nous pensons que la notion de « diversité » est très mal choisie (voir notre texte de la proposition et nos articles récents (Les Temps modernes (N° 608, année 2000) / Altermed (édition Non Lieu, Association des Amis de Paris Montparnasse – 2007) / Préface de la Revue des Deux Rives – Europe / Maghreb N°4 : « Langues de France et français d’ailleurs » éd L’Harmattan / Pour la pluralité contre la diversité, (revue du GFEN 2006) / …)
b) Vous dites « l’avoir proposé à maintes reprises »; j’ai lu effectivement quelques phrases sur ce sujet (merci à Serge et à Didier) mais d’une grande timidité et qui montrent que pour vous l’essentiel n’est pas là. Vous faites, de ce qui est chez nous un concept préalable, un élément secondaire. Or nous sommes dans une bataille, où ce sont les concepts qui s’entrechoquent. Trois concepts :
* L’unitarisme (pas de place en France – ou misérable – pour les langues/cultures de France)
* Le régionalisme culturel : les langues/cultures régionales appartiennent aux régions de leurs « territoires » (et comme ces régions sont françaises, ces langues sont patrimoine national)
Nous venons de voir que même sous cette forme lapidaire et qui n’engageait pas à grand chose, le refus est ferme.
– La « nationalisation ».
Nous pensons que seul le concept de « nationalisation » comme nous l’expliquons, est
1. d’intérêt général ;
2. de taille à faire taire toutes (?) les hostilités (enfin la majorité…).
Mais pour cela, il faut :
* que ce projet soit la figure de proue et le but principal de l’action ;
* que ce soit l’action du plus grand nombre. Car quand Mélanchon parle de « danger pour la république » il s’appuie sur des discours réellement tenus, sur des revendications réellement posées par des militants occitans, basques, bretons, corses, alsaciens, catalans et d’autres. C’est pas vrai ?
(évident que les pouvoirs publics les mettent en avant, polémiquement ; mais si un discours radicalement contraire se faisait entendre ?)
Les seules hostilités qui peuvent demeurer, après ça, seraient celles de l’ignorance aggressive et des intérêts particuliers d’une caste qui profite de l’unitarisme centraliste (notamment des intellectuels et des gens de culture et d’éducation).
Parlons de la suite
1) Mettre en avant les « cultures » …
Pour que des gens aient envie de s’initier à une langue, il est nécessaire que cette langue bénéficie d’une aura culturelle, d’une utilité culturelle.
Puisque, pour des langues comme l’occitan, il n’y a plus d’utilité de communication, cette exigence est encore plus forte.
Mettre en avant la culture ne revient pas automatiquement à défendre le cassoulet et je ne vois pas qui parmi nous peut tomber dans ce panneau. C’est tout-au-contraire, ceux qui savent le rôle de la culture dans l’illustration des langues qui vont le plus loin dans la recherche culturelle, à la fois savante (c’est pourquoi Meschonnic au Forom des Langues), ouverte au plus grand nombre et parfois même recyclant les archaïsmes (j’ai montré la modernité transhistorique du gag du Hilh de puta) (pourquoi ne pas le travailler dans les classes bilingues ?)
Et, tout au contraire, c’est ceux qui défendent la langue la langue la langue qui, très souvent, font l’impasse sur les valeurs littéraires etc. À la place du cassoulet et des vieux costumes, la polka piqué du folk (très franco-unitariste, si vous savez pas), l’invocation de Boudou pour « sa langue » (combien savent le poser à côté de Faulkner ?), les bricolages historiques (cathares + trobadours + luttes paysannes + 1907 tout mélangé etc).
2) « Ce que la culture nationale a emprunté aux cultures régionales est somme toute réduit ».
On voit bien là toute la distance qui nous sépare :
a) « sans le reconnaître, d’ailleurs »
pour le « re-connaître », il faudrait qu’elle l’eut connu. Or la culture nationale ne sait pas. De petits arrangements des faits qui dérangeraient tel ou tel (homme, parti, gouvernement) en erreurs et quiproquos, la culture nationale a construit un système d’occultation sans le savoir.
Nous n’avons pas en face de nous des adversaires malins qui savent tout et veulent le cacher.
Nous n’avons pas d’adversaires en face de nous, mais des ignorants (sur ce sujet) qui croient bien faire (même l’abbé Grégoire).
A nous de leur montrer que l’histoire est autre, c’est notre rôle (et comment le montrer quand on ne le sait pas ?)
Et jusqu’à aujourd’hui, nous ne l’avons pas assez bien fait.
C’est nous les responsables. Nous ne sommes victimes de rien.
b) « jalous » etc…Ce n’est justement pas nous qui parlons systématiquement du vocabulaire occitan emprunté par le français, pourquoi ?
Parce que les emprunts français à l’occitan, c’est beaucoup beaucoup ou pas grand chose, selon la manière que l’on a de traiter l’histoire des langues : débat intéressant pour la linguistique historique mais secondaire pour notre stratégie, à ce stade (on reprendra ce débat).
surtout, par dessus-tout, parce que nous savons qu’une langue c’est pas des mots, que ce sont les discours (et donc la culture) qui font les mots et pas les mots qui font les discours.
Avec Meschonnic, depuis 15 ans, on a Humboldt, Saussure, Benvéniste et autres chaque année au Forom de Langues.
Et c’est justement les maniaques de la langue qui systématiquement parlent des emprunts. Ils vont même plus loin, tellement ils sont dans « lalangue » : ils cherchent expressément les mots (ou les expressions, la syntaxe) les plus éloignés du français (croient-ils) pour se faire une identité.
Ce faisant ils oublient les oeuvres.C’est une maladie à guérir. (il n’y a pas que Castan qui disait le manque de critique, et aujourd’hui beaucoup sont d’accord)
3) Mais tout çà n’est pas le plus important.
Le plus important c’est de comprendre que la France (royaumes, nation, république) s’est construite – administrativement, politiquement, culturellement, artistiquement, intellectuellement – sur la ligne de l’unitarisme centraliste, dont la raison d’être ne s’explique que par le face-à-face permanent de l’Etat, quel qu’il soit, avec des pouvoirs périphériques, territorialisés (provinces, seigneurs féodaux, barons et princes, Etats « régionaux, pays, communes, corporations etc).
Ce n’est pas à un historien que je vais apprendre ça ! Du moins sur l’histoire politique. Tu as lu Citron, Elias, Tocqueville, Garrisson, Mirabeau autant que moi.
Mais il faut en tirer des conclusions aussi sur l’histoire des idées. Tout, en France, est vu à travers le prisme de l’unitarisme. Castan le montre bien. Et il faut le montrer plus encore, pour en finir, c’est-à-dire trouver une autre façon de voir, plus républicaine, plus démocratique, plus pluraliste.
a) « influence indéniable de la culture nationale »
Il n’est pas question de savoir si l’échange a été inégalitaire, puisqu’il ne s’agissait pas d’échange (mouvement volontaire, réfléchi) mais de la construction – lancée par les pouvoirs royaux et républicains – de l’Etat français ; c’était le but, par la centralisation administrative, politique, économique et, aussi, intellectuelle et artistique. Auquel tous les français, à leur place et de leur place, ont contribué.
Mesurer la contribution – souvent inconsciente – de tous est justement le travail qu’il faudra faire, qu’on n’a pas fait, et je ne vois pas comment mesurer aujourd’hui les différentes contributions. Mais je montre quelques pistes dans mes textes.
b) « grands concepts »
Il y a là, inconsciemment bien sûr (tu ne veux agresser personne, j’en suis sûr) un certain « mépris » du travail de Castan ;
Castan, et nous, n’incriminons pas … le centralisme et l’unitarisme. Castan trouve (invente) les concepts de centralisme et d’unitarisme pour dire la situation, et pour identifier l’adversaire.
Faudrait-il des « petits » concepts pour l’occitanisme ?
Et puis cette phrase fait comme si « il y en avait assez » de parler de centralisme et d’unitarisme, ou d’en entendre parler. Mais où, quand, dans le mouvement occitan s’est-on penché sur ces concepts ? Qui, là, peut dire qu’il est « revenu » de Castan et de ses concepts, puisque c’est à peu près partout le silence sur ce travail, depuis 40 ans, et que je rencontre maints occitans qui avouent ne l’avoir jamais lu ? Ça s’entend, ça se voit.
C’est une ironie que de traiter ces concepts de « grands » pour les balayer d’un revers de plume ; je connais d’unis, et même dans la Felco qui, era una vetz, n’hésitaient pas à discourir de « grands concepts » comme le colonialisme (normal ou intérieur), la nation (première ou secondaire), l’impérialisme français sur l’Occitanie et autres. Parfois grands au sens de « grandiloquents ». Eh bien je dis qu’il fallait bien que certains en passent par là, merci à eux, par ces concepts, pour les essayer. Ces concepts se sont avérés peu pertinents. Il ne faut pas, du coup, laisser tomber la réflexion théorique (à la Felco, vous êtes des intellectuels, c’est votre rôle), il faut essayer d’autres concepts.
c) « Clivages de nature sociale »
Le mouvement occitan (breton, corse, etc) n’est pas constitué de « gens de peu », mais majoritairement d’enseignants, d’animateurs, d’artistes, de paysans ou viticulteurs aisés, de profession libérales, d’employés modestes mais dans des métiers considérés (culture, loisir, tourisme, etc). C’est une « petite bourgeoisie », pas les « gueux » des rêves occitano-révolutionnaires. Que cette petite-bourgeoisie parle – croit parler – au nom d’un peuple est une autre affaire. Arlette Laguiller parle pour le prolétatiat, aussi – Et, en dehors d’eux, personne pour se réclamer ou brandir l’étandart d’une quelconque « culture régionale ». Mais des corporations, des métiers, des groupes qui parlent de traditions, dans la multiplicité et la confusion, sans jamais opposer culture nationale et culture régionale : les chasseurs n’ont pas adhéré au parti occitan, ni les anti-ours, ni les pétanqueurs, ni les gitans d’Arles, ni les kabyles de Marseille, ni les ouvriers (ou chômeurs ouvriers) – portugais, algériens, roumains, bulgares, antillais, etc, etc – des ports, des usines, des entreprises de travaux, des commerces etc, etc…
Si clivages il y a, et lutte des classes, c’est plutôt là qu’il faut les chercher : les indigènes sud-français se sont, dans l’ensemble, « empetitebourgeoisés » (pour certain, très modestement, et il y en a pas-du-tout, certes, mais dans l’ensemble) (arrêtez-moi si vous croyez que je m’égare, je l’apprendrais avec plaisir), certains se sont bien « embourgeoisés » tout court, et le prolétariat est majoritairement immigré ou d’origine immigrée. Que lui offre le mouvement occitan ? Je sais trop ce qui se passe chez moi (à Toulouse) pour ne pas prêter une attention très sérieuse aux propos, charitables ou gauchisants, du mouvement occitan à l’égard de l’immigration.
La volonté d’enracinement occitan est, parfois (je dis bien parfois, ne me faites pas dire …), liée à des peurs face à l’immigration. Peur qui n’est pas anormale, mais qui doit être maîtrisée et quel discours/action le fait ?
Et il y a aussi les RMIstes de Paris, qui s’installent ici ou là (chez moi à St Antonin, c’est eux qui font l’animation des cafés face aux petits propriétaires du coin, dont les enfants sont partis … certains à Paris) Voilà peut-être un clivage social de plus non ?
d) On ne s’enferme pas en pensant la France.
On ne s’enferme pas en analysant ce qui nous enferme ; au contraire, on s’en délivre.
Comme on ne s’enferme pas en pensant la culture occitane, contrairement à ce que croient les centralistes. En pensant la culture occitane on re-pense la France et en re-pensant la France on pense mieux la culture occitane.
Ceux qui, se sentant à juste titre méprisé dans leur (ou celle qu’ils veulent leur) langue/culture, veulent faire l’économie de l’analyse, pensent « La France » au lieu de « La France centraliste » (et il y a de quoi confondre, il est vrai ; c’est un très gros effort que de vouloir re-penser / re-faire la France sans le centralisme mais y-a-t’ il de grandes aventures historiques sans gros efforts ?), ceux qui « Puta França ! » (ça ditz lo Jacme), ceux là vont, à mon sens, s’enfermer dans des chimères qui renforcent le centralisme.
Contrairement aux apparences (l’illusion d’optique) nous n’opposons pas la stratégie anti-centraliste et une stratégie européenne. « Puta França » n’a qu’un rêve européen ; à notre sens, c’est lui (et plein d’autres) ceux qui voient tout -Europe et régions et basta la France (qui elle a un vrai pouvoir sur l’Europe). Et puis Europe, oui, mais il y a l’Algérie, qui compte peut-être plus dans certains domaines, etc… (en matière culturelle/artistique, mes influences- et celles de beaucoup – sont souvent très loin de l’Europe : ça pose un problème, peut-être, vous croyez pas ?)
Enfin je ne comprends pas du tout où tu vois la moindre trace de « nationalisme national » français dans mon texte. Le nationalisme, grand ou petit, vient de la non-pensée historique de la nation, au contraire. Je pense que les intellectuels occitanistes sont les plus à même de penser la France, contre le nationalisme français. Une nouvelle édition de la France autrement avec des contributions de F. Martel, d’historiens corses, bretons, antillais, etc ? Suzanne Citron, je suis sûr, en voudrait. Voilà un exemple de propositions concrètes que réclament Didier et Serge. Et une nouvelle histoire de la littérature française, s’appuyant sur les travaux des essayistes occitans, bretons, etc ? Y a tellement de pistes, quand on pense interactions, que ça donne le vertige.
Non, nous ne sommes pas « hexagonitisés », nous qui organisons le Forom des Langues du Monde, Peuples et Musiques au Cinéma, qui vivons dans un quartier plein de langues et de voyageurs ; la pluralité est notre quotidien mais nous ne sommes pas victimes de la « diversité » pour noyer le poisson (la notion même de diversité est faite pour ça, comme je le montre dans mes textes cités au-dessus). Par exemple nous avons bien su, depuis 20 ans, illustrer la cause amazight. Et pour l’occitan, nous sommes d’accord avec Villemain qui pensait que « la France est assez grande pour avoir 2 littératures » (il voulait dire le Français et l’occitan). S’il faut rêver, à tout prendre, je préfère ce rêve-ci, plus fécond pour tous, à celui de l’Occitanie autonome. Mais il m’arrive de me tromper.
Surtout, je ne veux pas avoir raison. Je m’en fous, d’avoir raison ou pas. Je me suis lancé en explorateur sur une piste nouvelle, j’y vois une jungle qu’on peut extriquer et changer en un formidable terrain d’aventures poétiques, éthiques, civiques et politiques. J’ai fait mon boulot (et pour ce qui concerne mes oeuvres, c’est dans cette piste que je continuerai à oeuvrer), je m’arrête là : je ne veux pas devenir le héraut d’un nouveau mouvement. La Constitution, etc., nécessaire de donner son avis et c’est surtout pour les suites dans l’Éducation Nationale (+ les bibliothèques, les établissements publics etc) que c’est important de poser les choses. Pour la culture et les arts, les mentions constitutionnelles, les reconnaissances officielles et les subventions (nationales, régionales, etc.) n’ont jamais fait les oeuvres à la place des créateurs. Et c’est quand même là qu’en premier, tout se joue.
Merci de m’avoir lu
À bientôt
Claude Sicre
Adieu Claude,
Il y a vraiment quelque chose qui m’échappe dans ton explication a Philippe Martel, d’un côté tu fustiges les régionalistes de s’intéresser qu’a leur petit parçan, de l’autre, tu nous proposes un « repli identitaire » (allez tu vas me dire le terme est fort, mais tu connais mon style sur l’état français), n’est-ce pas antithétique, ne tombes-tu pas dans l’attitude que tu reproches aux autres (même si là, c’est plus du régionalisme, mais du nationalisme français).
Perso, en tant qu’anarcho indépendantiste, je considère que le monde m’appartient, je refuse de me laisser enfermer dans un cadre aussi étroit que celui d’une région de l’état français (comme dit plus haut je trouve ça limitatif) alors que le monde nous appartient.
Amistats,
Cedric